Alessandra Keller : Le conflit en Ukraine a fait émerger une nouvelle identité suisse




Par une journée froide et pluvieuse de novembre, je rencontre Alessandra Keller, présidente du Conseil national, dans son bureau de Berne. Elle vient de terminer une séance plénière où l'Assemblée fédérale a discuté de l'élargissement de l'OTAN. Keller est une femme de conviction, une socialiste engagée qui n'a pas peur de défendre ses idées. Elle est également une fine analyste de la politique internationale.


« Le conflit en Ukraine a fait émerger une nouvelle identité suisse », déclare-t-elle. « Avant, notre neutralité était perçue comme un statut confortable, une manière de rester à l'écart des conflits. Mais aujourd'hui, nous réalisons que notre neutralité ne peut plus être passive. Nous devons prendre position pour les valeurs que nous défendons. »


Keller explique que la Suisse a toujours été un pays ouvert et accueillant, mais que la guerre en Ukraine a rendu plus urgent que jamais de renforcer notre solidarité avec les autres. « Nous devons montrer que nous ne tolérons pas l'agression et que nous sommes prêts à aider ceux qui en ont besoin. »


Elle reconnaît que la neutralité de la Suisse peut parfois être un obstacle. « Nous ne pouvons pas envoyer d'armes directement à l'Ukraine, mais nous pouvons apporter d'autres formes de soutien, comme de l'aide humanitaire ou financière. » Keller souligne également l'importance de la coopération internationale. « Nous devons travailler avec nos partenaires pour trouver une solution pacifique au conflit. »


Je demande à Keller si elle pense que le conflit en Ukraine va avoir un impact à long terme sur la politique étrangère de la Suisse. « Oui, je pense que cela va nous obliger à repenser notre neutralité. Nous devons trouver un moyen de rester neutres tout en étant solidaires de ceux qui sont attaqués. »


Keller est convaincue que la Suisse a un rôle important à jouer sur la scène internationale. « Nous sommes un pays petit mais influent. Nous avons une longue tradition de médiation et de résolution de conflits. Nous pouvons utiliser notre expérience et notre expertise pour contribuer à la paix dans le monde. »


Alors que notre conversation touche à sa fin, je demande à Keller quel message elle souhaite adresser au peuple suisse. « Je veux leur dire que nous sommes confrontés à des défis, mais que nous devons rester unis et solidaires. Nous devons défendre nos valeurs et montrer au monde que la Suisse est un pays qui se tient du côté de la justice et de la paix. »