Klaus Töpfer : l'homme qui murmurait à l'oreille des pollueurs
Vous ne connaissez peut-être pas Klaus Töpfer, mais c'est un peu le père de l'écologie moderne. Dans les années 1980, alors que Greenpeace était encore un petit groupe de hippies en ciré, Töpfer était déjà un poids lourd de la politique environnementale allemande. Il a joué un rôle clé dans la négociation de la Convention sur le climat de 1992, qui a posé les bases de la coopération internationale sur le changement climatique.
Mais Töpfer n'était pas un écologiste typique. C'était un homme politique pragmatique, qui croyait que la meilleure façon de protéger l'environnement était de travailler avec les industries qui le polluaient. Il a passé sa carrière à discuter avec les PDG des sociétés pétrolières et gazières, les convainquant que la protection de l'environnement était non seulement une bonne chose pour la planète, mais aussi une bonne affaire.
Cela ne veut pas dire que Töpfer était un simple vendu aux intérêts industriels. C'était un écologiste convaincu, mais il croyait aussi qu'il ne servait à rien de prêcher dans le désert. Pour faire bouger les choses, il fallait parler la langue des entreprises.
Et ça a marché. Grâce aux efforts de Töpfer, l'Allemagne a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre tout en maintenant une croissance économique solide. Et ses idées ont été adoptées dans le monde entier. Aujourd'hui, de nombreux pays utilisent l'approche de Töpfer pour travailler avec les industries et protéger l'environnement.
Certes, l'approche de Töpfer n'est pas parfaite. Certains critiques lui reprochent d'être trop proche des grandes entreprises et de ne pas en faire assez pour protéger l'environnement. Mais il ne fait aucun doute que Töpfer a été un pionnier de l'écologie moderne. Il a montré qu'il était possible de protéger l'environnement tout en travaillant avec les industries qui polluent.
Souvenirs d'une rencontre
J'ai eu la chance de rencontrer Töpfer en 1992, lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement à Rio de Janeiro. C'était un homme chaleureux et sympathique, avec un grand sourire et une poignée de main ferme. Il a pris le temps de me parler de son travail et de ses espoirs pour l'avenir.
Je me souviens lui avoir demandé pourquoi il pensait qu'il était si important de travailler avec les industries. Il m'a répondu : "Parce qu'elles sont les seules à pouvoir faire bouger les choses. Les gouvernements peuvent adopter toutes les lois qu'ils veulent, mais si les industries ne les appliquent pas, elles ne serviront à rien."
Il avait raison. Les industries ont un rôle crucial à jouer dans la protection de l'environnement. Elles disposent des ressources, de la technologie et de l'expertise nécessaires pour faire bouger les choses. Mais elles ont aussi besoin d'incitations pour le faire. C'est là que les gouvernements et les écologistes interviennent. Ils doivent travailler ensemble pour créer un cadre juridique et économique qui encourage les industries à investir dans des technologies propres et à réduire leurs émissions.
L'héritage de Töpfer
Töpfer est décédé en 2018, mais son héritage perdure. L'approche qu'il a adoptée pour travailler avec les industries est encore utilisée aujourd'hui. Et son message selon lequel il est possible de protéger l'environnement tout en maintenant la croissance économique reste plus pertinent que jamais.
Nous sommes confrontés à d'énormes défis environnementaux, mais nous pouvons les surmonter si nous travaillons ensemble. Nous devons écouter les scientifiques, apprendre des expériences du passé et adopter une approche pragmatique. Et nous devons nous rappeler que nous n'atteindrons jamais nos objectifs si nous ne travaillons pas avec les industries qui polluent.
Klaus Töpfer était un véritable pionnier. C'était un homme qui comprenait la complexité du monde dans lequel nous vivons et qui avait le courage de travailler avec les industries pour le rendre meilleur. Son héritage nous inspire tous à faire de même.