« Mes chers compatriotes, je suis votre guide éclairé, celui qui vous sortira des ténèbres. »
Ainsi parlait Mobutu Sese Seko, l’ancien président du Zaïre, qui incarna pendant plus de trois décennies le despotisme et la corruption en Afrique. Né Joseph-Désiré Mobutu en 1930, il arriva au pouvoir en 1965 par un coup d’État militaire, et se rebaptisa Mobutu Sese Seko Nkuku Ngbendu Wa Za Banga, qui signifie « le guerrier qui, sans que l’on sache d’où il vient, va de victoire en victoire, et écrase tout sur son passage ». Mobutu croyait en la toute-puissance du pouvoir et n'hésitait pas à écraser toute opposition.
L’un des aspects les plus marquants de la dictature de Mobutu était son culte de la personnalité. Il se faisait appeler « Guide éclairé » et « Sauveur de la nation », et sa propagande officielle le présentait comme un héros national. Les médias, étroitement contrôlés par le régime, étaient chargés de glorifier Mobutu et de réprimer toute critique. Les opposants politiques étaient emprisonnés, torturés et même exécutés, ce qui contribua à créer un climat de terreur et à étouffer toute contestation.
Mais le régime de Mobutu n’était pas seulement répressif, il était aussi profondément corrompu. Mobutu et sa famille se sont enrichis sur le dos du peuple zaïrois, siphonnant les richesses du pays et les stockant dans des comptes bancaires en Suisse. La corruption était généralisée à tous les niveaux de l’État, et les fonctionnaires se livraient à des détournements de fonds et à des pots-de-vin de manière éhontée. L’économie du Zaïre, autrefois prospère, s’est effondrée sous le poids de la corruption et de la mauvaise gestion, laissant la population dans une pauvreté abjecte.
Mobutu a réussi à se maintenir au pouvoir pendant plus de trois décennies grâce à un habile mélange de répression, de corruption et de clientélisme. Il a coopté les élites politiques et économiques du pays, leur donnant des privilèges et des prébendes pour garantir leur loyauté. Il a également utilisé les forces armées pour écraser toute opposition, et a créé une police secrète, la Division spéciale présidentielle, qui était chargée de surveiller et d’intimider les dissidents.
En 1990, le vent de la démocratie qui soufflait sur l'Afrique a atteint le Zaïre. Des émeutes populaires ont éclaté dans plusieurs villes, et Mobutu a été contraint d’accepter l’organisation d’une conférence nationale souveraine, qui devait définir un nouveau cadre politique pour le pays. Mais Mobutu n’avait aucune intention de quitter le pouvoir, et il a utilisé tous les moyens possibles pour saboter la conférence et maintenir son emprise sur le pays.
En 1996, une rébellion armée dirigée par Laurent-Désiré Kabila est partie de l’est du Zaïre et a rapidement progressé vers Kinshasa. Mobutu, abandonné par ses alliés, a été contraint de fuir au Maroc, où il est mort d’un cancer en 1997. La chute de Mobutu a marqué la fin d’un sombre chapitre de l’histoire du Zaïre, mais le pays n’a pas réussi à surmonter les divisions ethniques et les conflits qui ont continué à le déchirer après la fin de la dictature.