Je le connais depuis un demi-siècle, Mounir Chouiar, et je n'avais jamais eu l'occasion de lui demander comment il allait. Je l'ai toujours croisé au détour d'un couloir, dans l'effervescence des coulisses d'un événement, l'œil rieur et le geste amical. Mais ce jour-là, c'était différent. Il était assis dans un fauteuil roulant, le regard vide, et son visage était creusé par la maladie.
Mounir est un homme discret, un homme de l'ombre qui a consacré sa vie à donner une voix aux oubliés. Il a été l'un des pionniers de l'intégration des personnes handicapées dans la société, créant des associations et des structures d'accueil pour leur permettre de vivre dignement. Il a consacré sa vie à lutter contre les préjugés et l'exclusion, à faire tomber les murs de l'indifférence. Et tout cela, il l'a fait avec une humilité et une abnégation exemplaires.
Aujourd'hui, c'est lui qui est oublié. La maladie l'a privé de sa voix, de ses gestes, mais pas de son regard. Ce regard qui en dit long sur une vie consacrée aux autres. Un regard qui nous interpelle, qui nous rappelle que nous avons tous un devoir de solidarité envers les plus vulnérables.
Je suis resté un long moment à regarder Mounir Chouiar, assis dans son fauteuil roulant. Il ne me reconnaissait pas, mais il me regardait avec cette même bienveillance qu'il avait toujours eue pour tout le monde. Et j'ai compris que sa maladie n'était pas un handicap, mais un message. Un message d'espoir, de courage et de générosité.
Mounir Chouiar est un homme extraordinaire qui a fait de sa vie un don pour les autres. Il est un exemple pour nous tous, un modèle d'humanité et de compassion. Et il est de notre devoir de ne pas l'oublier.
Mounir Chouiar est né en 1943 à Alger. Après des études de droit, il s'installe en France en 1965. En 1971, il crée l'Association des travailleurs immigrés marocains (ATIM), dont il sera le président pendant de nombreuses années. Il est également à l'origine de la création de plusieurs autres associations et structures d'accueil pour les personnes handicapées, les personnes âgées et les personnes défavorisées.
Mounir Chouiar a consacré sa vie à lutter contre l'exclusion et les préjugés. Il a milité pour l'intégration des personnes handicapées dans la société, pour le respect des droits des travailleurs immigrés et pour l'accès aux soins pour tous. Il a été un fervent défenseur des valeurs de solidarité et de fraternité.
Ces dernières années, Mounir Chouiar a été atteint d'une maladie neurodégénérative qui l'a privé de sa voix et de ses gestes. Malgré la maladie, il a continué à lutter pour ses convictions, par le biais de son regard et de son sourire.
Mounir Chouiar est un homme exceptionnel qui a consacré sa vie aux autres. Son héritage est immense et il continuera à inspirer les générations futures.
Je voudrais terminer cet article en citant une phrase de Mounir Chouiar qui résume bien sa philosophie de vie : "Il n'y a pas de grands ou de petits handicaps, il y a des handicaps qui sont visibles et d'autres qui ne le sont pas. Mais tous les handicaps sont des obstacles à la dignité humaine."